Le Figaro - Economie : Sommet européen restreint à Paris pour combattre la crise
La position des participants au mini-sommetLe Figaro - Economie : Sommet européen restreint à Paris pour combattre la crise
B. B., M.M., C de C.
04/10/2008 | Mise à jour : 18:04 | Commentaires 46
.Nicolas Sarkozy réclame une «intense coopération» de la part de ses partenaires.
Les échanges entre capitales européennes s'étaient poursuivis vendredi à un rythme intensif, pour préparer le minisommet. Nicolas Sarkozy réunit les membres européens du G8 (l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie), en présence des présidents de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et de l'Eurogroupe.
Restaurer la confiance
L'un des objectifs primordiaux de cette réunion préparatoire au G8 sera de contribuer à «restaurer la confiance». Cela passe par un message d'implication politique forte. «La France veut être proactive (…). Elle veut prendre des initiatives, quitte à ce qu'elles ne soient pas toutes suivies d'effet, plutôt que d'être accusée d'immobilisme» , a déclaré vendredi le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet. En ordre dispersé tout au long de la semaine, les chefs d'État ou de gouvernement européens sont pour la plupart montés au créneau, qui pour organiser le sauvetage d'une banque de son pays, qui pour garantir qu'aucun épargnant ne perdrait le moindre euro. L'idée de créer une garantie européenne des dépôts est à l'étude.
L'objectif du G4 est d'ailleurs de resserrer les rangs d'une Europe en mal d'unité face à la crise. Dans une lettre au président de la Commission, José Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy martèle que «l'intérêt européen commande un effort intense de coordination et de convergence des actions à mener». Le président en exercice de l'Union européenne considère que la «situation d'urgence appelle unité et volonté de coopération dans l'action». On peut attendre un discours de dissuasion à l'intention des États tentés de jouer cavalier seul, à l'image de l'Irlande qui vient de voter une garantie publique à ses banques.
Concernant les mesures concrètes susceptibles de sortir le secteur bancaire de la crise, le G4 a plus de chances de s'entendre sur des remèdes de moyen terme qu'immédiats. Ainsi, la refonte du système comptable, accusé d'avoir amplifié les difficultés des banques, sera au menu, éventuellement pour prendre effet dès l'arrêté des bilans 2008. En revanche, les idées plus radicales, à commencer par la création d'un fonds de rachat des créances bancaires calqué sur le plan Paulson, semblaient vendredi encore très loin de pouvoir trouver un terrain d'entente.
La position des participants au sommet
Nicolas Sarkozy • Refonder le capitalisme financier
Conforté dans sa volonté d'agir par sa qualité de président en exercice de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy a jeté les bases de sa stratégie face à la crise financière lors de son discours à la tribune de l'ONU le 23 septembre, et à Toulon deux jours plus tard.
À l'intention des Français, il a affirmé l'implication de l'État, en se portant oralement garant des dépôts confiés aux banques françaises. Depuis le gouvernement français a participé - moyennant 1 milliard d'euros - au sauvetage de la banque Dexia.
Au niveau international, le plus dur reste à faire. Le chef de l'État espère que «des mesures concrètes propres à favoriser le retour à la confiance» seront décidées samedi à Paris. L'Élysée a démenti avoir voulu proposer un plan de sauvetage des banques à 300 milliards d'euros. Et au gouvernement, on confie qu'il «ne s'agit pas de régler la crise en quatre jours». Hedge funds, titrisation, fonds propres des banques, spéculation… sur tous ces sujets, aucun consensus n'existe. Les réponses à la crise seront à l'ordre du jour de la réunion des ministres des Finances européens à Luxembourg lundi prochain, avant d'être discutées par les membres du G7 finances dans huit jours. La crise sera ensuite au cœur du conseil européen des 15 et 16 octobre prochain. Enfin, le président français espère convoquer avant la fin de l'année un sommet spécial rassemblant les grands pays riches et les principaux pays émergents.
Angela Merkel • Des propositions, pas de décision
«Le sommet de samedi doit permettre d'aligner les propositions sur une réforme du contrôle international des marchés financiers. La véritable gestion de la crise aura lieu lors du prochain Conseil européen à Bruxelles, le 15 octobre.» Les décisions ne peuvent se prendre qu'à vingt-sept. Vendredi, le service de presse de la chancelière allemande, Angela Merkel, minimisait la portée de la rencontre organisée samedi à Paris.
L'Allemagne compte y marteler la position qu'elle défend depuis le début de la crise du subprime il y a un an, à savoir la nécessité de contraindre les marchés financiers à une plus grande transparence.
Berlin s'oppose en revanche ouvertement à toute solution financière collective dans la gestion de la crise bancaire qui gagne l'Europe. «L'Allemagne se méfie fortement de ce type de grand projet européen» , a déclaré abruptement le ministre des Finances, Peer Steinbrück. Angela Merkel refuse de «signer un chèque en blanc pour toutes les banques, qu'elles se soient comportées de façon responsable ou pas». Après avoir conquis l'équilibre de ses finances publiques au prix de lourds sacrifices, Berlin veut garder la main sur ses dépenses. À chaque pays de gérer ses défaillances.
En revanche, l'Allemagne espère que l'Europe arrivera en position de force pour défendre sa position lors du G7 finance qui se réunit dans une semaine à Washington. Reste à savoir si ses grands partenaires approuveront son idée d'un encadrement des activités bancaires au plan mondial.
Gordon Brown • Oui à plus de transparence
Très malmené dans les sondages, le premier ministre britannique doit gérer de front une crise financière majeure à la City et l'approche de la récession, alors que deux défaillances bancaires (Northern Rock, HBOS) ont ébranlé le libéralisme britannique.
Un projet de loi bancaire destiné à améliorer la régulation sera discuté au Parlement à partir de la semaine prochaine. Par ailleurs, l'ex-chancelier de l'Échiquier n'est pas le dernier à réclamer plus de transparence sur les marchés ainsi qu'une réforme de la régulation financière internationale. Il devrait soutenir des propositions allant dans ce sens. Pour mieux protéger ses concitoyens, Londres a annoncé vendredi le relèvement de 35 000 livres actuellement à 50 000 livres (63 000 euros) à partir de mardi pour le montant des dépôts garantis en cas de faillite d'une banque.
La Financial Services Authority (FSA) a précisé réfléchir à une augmentation ultérieure de ce plafond. Cette annonce fait suite à la décision de Dublin d'accorder une garantie illimitée à ses six plus grandes banques. Londres qui accuse son voisin de distorsion de concurrence a été obligé de réagir pour éviter que ses épargnants ne se tournent vers les banques irlandaises. Pour autant, l'insulaire Grande-Bretagne n'a pas versé dans un «européanisme» béat. Si Gordon Brown reconnaît que la crise financière a une «dimension européenne» , il juge «normal» que des solutions soient recherchées au niveau de chaque pays, a commenté son porte-parole.
Silvio Berlusconi • Interventionnisme assumé
Le chef du gouvernement italien a fort à faire pour rassurer les marchés sur la santé financière de la première banque du pays, Unicredit. Son gouvernement s'est engagé à adopter les mesures nécessaires pour garantir la stabilité du système bancaire et défendre les épargnants.
«Je ne tolérerai pas les attaques spéculatives contre nos banques. Et je n'accepterai pas que les Italiens perdent ne serait-ce qu'un euro de leurs économies» , a déclaré Silvio Berlusconi.
Le chef du gouvernement a, en théorie, les moyens d'agir vite puisqu'il vient d'annoncer son intention de recourir le plus possible aux décrets-lois pour gouverner l'Italie. N'en déplaise à l'opposition qui a violemment réagi à cette déclaration.
Le gouvernement Berlusconi se classe clairement dans le clan des interventionnistes. L'Italie, qui prend la présidence du G8 en janvier prochain, promet plus que le Bretton Woods suggéré par Sarkozy pour faire régner la loi sur les marchés. «Notre proposition sera aussi une liste de règles visant à construire un climat juridique plus rigoureux et plus moral», a récemment déclaré le ministre de l'économie, Giulio Tremonti.
José Manuel Barroso • Le pragmatisme de Bruxelles
En début de semaine, le président de la Commission européenne a indiqué que les pays de l'UE réfléchissaient à la création d'un système commun ou à la mise en place d'une coopération des différents systèmes destinés à protéger les dépôts bancaires des particuliers. Un sujet censé être abordé lors du minisommet.
Cette déclaration a été étouffée par la polémique qui a surgi autour d'une idée différente, celle d'un plan de sauvetage des banques à 300 milliards d'euros. À cet égard, José Manuel Barroso devrait confirmer samedi l'approche pragmatique de l'Europe en assurant que les règles de la concurrence n'empêchent pas le sauvetage des banques par les gouvernements. «Ces règles nous permettent d'avoir la flexibilité nécessaire, il faut les appliquer avec bon sens.»
Jean-Claude Juncker • Non à un plan de sauvetage
Face à la crise, l'Europe a besoin d'une réponse «un peu plus systématique» que celle apportée par le plan Paulson à l'Amérique, estime le président de l'Eurogroupe. Le secteur financier européen «est plus stable» , estime-t-il. Tout en affirmant dans un entretien à La Croix avoir pour les banquiers une «considération proche de zéro».
Jean-Claude Juncker soutient l'idée de Nicolas Sarkozy d'organiser d'ici à la fin de l'année une réunion spéciale sur le sujet des membres du G8 (le G4 plus les États-Unis, le Canada, la Russie et le Japon) ouverte aux grands pays émergents. Les seuls pays riches ne sont pas «en mesure de résoudre d'eux-mêmes les problèmes» de la finance mondiale, «il faut y ajouter l'Inde, la Chine» , notamment, a-t-il affirmé.
Jean-Claude Trichet • Préserver l'unité des Européens
«Il faut tout faire pour préserver l'unité des Européens», plaide le président de la Banque centrale européenne. Du minisommet, Jean-Claude Trichet n'attend pas de mesures concrètes mais il espère au minimum voir émerger «des grandes orientations sur lesquelles il peut y avoir un accord».
Alors que la BCE inonde tous les jours les marchés de liquidités pour tenter, sans succès, de relancer la machine du crédit interbancaire, son président estime que la crise réclame une réponse «de tous les acteurs publics y compris les gouvernements». Sous quelle forme ? Faute d'un budget fédéral, un plan Paulson est inenvisageable en Europe. «Chacun doit prendre ses responsabilités en étant entièrement fidèle aux principes européens.»
Dans cette crise qui correspond à «une période d'incertitude absolument exceptionnelle», le président de la BCE appelle à une plus grande coordination des décisions. Un message délivré trois jours après la décision unilatérale de l'Irlande de garantir l'intégralité des dépôts et une bonne partie de la dette des six plus grands établissements bancaires du pays.
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